« Un Illustre Inconnu », De Matthieu Delaporte
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Derrière son masque, il pouvait passer incognito, sauf peut-être, auprès de ses enfants qui venaient lui rendre visite sur le tournage. Mathieu Kassovitz est le héros d'Un illustre inconnu, le dernier film de Matthieu Delaporte, à qui l'on doit notamment Le prénom. Dans ce film, en salles mercredi, l'acteur se glisse dans la peau de Sébastien Nicolas, un modeste agent immobilier qui usurpe l'identité d'inconnus pour donner du sens à sa vie. Mais l'homme va très loin, puisqu'il prend aussi leurs visages. Dans sa cave, il cache d'innombrables déguisements, des perruques, mais aussi du matériel pour réaliser des masques et reproduire, à l'identique, le visage de ceux dont il choisit de voler l'identité. "Je suis devenu quelqu'un d'autre pour devenir moi-même", explique à l'écran ce "tueur en série qui ne passerait pas à l'acte", comme l'a décrit le réalisateur à Mathieu Kassovitz. L'acteur nous raconte comment il est devenu cet homme caméléon.
Qui est Sébastien Nicolas ? "Le personnage principal d'Un illustre inconnu est une coquille vide, un homme qui n'a pas trouvé sa place dans la société et qui ne sait pas ce qu'il fait sur cette planète", explique Mathieu Kassovitz, qui joue non seulement l'antihéros du film, mais aussi l'une de ses transformations. "En observant les autres, et en prenant leur place, Sébastien Nicolas essaye de répondre à sa question. Le maquillage lui permet d'être quelqu'un d'autre. Il se camoufle pour mieux se révéler."
Probablemente el mejor estreno de este fin de semana sea la película francesa: Un ilustre desconocido (Un illustre inconnu, 2014), dirigida por Matthieu Delaporte y coescrita por él y Alexandre de La Patellière.
Mathieu Kassovitz est un illusionniste. Alors qu'il voulait enculer le cinéma français pour avoir oublié «L'Ordre et la morale», sa dernière réalisation, au moment des César - une croisade vaine mais pas si insensé tant ce film était au-dessus de la production française hexagonale -, voilà qu'on le retrouve, coup sur coup, dans deux longs métrages si opposés qu'il représente bien les deux pôles de notre septième art. Le premier, «Vie sauvage» de Cédric Kahn, était un film de «sujet», basé sur une histoire vraie et traité sur un mode naturaliste, le second, «Un illustre inconnu» se rêve en thriller américain, avec son pitch inventif et sa mise en scène carrée et maîtrisée. Il ne fait guère de doute qu'à l'exemple d'«Anthony Zimmer», le film fasse l'objet d'un remake outre-atlantique. La première heure est fascinante. Parfait en homme-lambda caméléon, Mathieu Kassovitz compose un personnage mi-inquiétant, mi-touchant, très différent du profil d'un serial-killer que le pitch laissait supposer. Dommage que le film perde un peu de sa cohérence quand il imagine un rebondissement guère probable et préfère miser sur le suspense que sur l'empathie que provoque un héros trop discret qui aimerait vivre mille vies mais qui n'en vit réellement aucune.
Un an plus tard, il annonça, toujours sur Twitter, qu'il s'exilait aux Etats-Unis, d'où il était revenu en 2008, brisé par la débâcle artistique et commerciale de "Babylon A.D.", son film précédent, et miné par ses conflits avec la star Vin Diesel. Finalement Kassovitz est resté en France. Le cinéma français, qu'il a couvert d'insultes, ne se montre pas rancunier à son égard. Au point de le désirer, comme acteur du moins. C'est ainsi que le cinéaste de "la Haine" se trouve cet automne à l'affiche de "Vie sauvage" de Cédric Kahn et d'"Un illustre inconnu" de Matthieu Delaporte, qui sort ce mercredi 18 novembre.
- Vous savez, cette histoire de tweet a amusé les Français comme les Américains, et beaucoup pensent comme moi. Si vous me prenez aujourd'hui dans un film, vous envoyez d'emblée un message au spectateur. Les cinéastes se servent de mon image publique, de ma personnalité. Et puis je n'ai pas attendu Twitter pour critiquer publiquement le cinéma français : je disais déjà la même chose à l'époque de "Métisse", mon premier long métrage que j'ai tourné quand j'avais 23 ans. Dans "Un illustre inconnu", votre personnage recopie l'identité des gens qui l'entourent, pour en donner une version dévitalisée, inquiétante et grotesque... On peut voir le film comme une métaphore grinçante de la crise d'identité que traverse le cinéma de genre français.
Propos recueillis par Guillaume Loison "Un illustre inconnu", par Matthieu Delaporte. En salles le 19 novembre."Vie sauvage", par Cédric Kahn. En salles depuis le 29 octobre. 2b1af7f3a8